Anne Cambier, une « matheuse » aux commandes du personnel de Mobistar ( !)

Nys

Anne Cambier, ingénieur civil en mathématiques appliquées (UCL) occupe la fonction de « Chief People Officer » au sein de l’entreprise Mobistar (créée en 1996), le second opérateur belge de téléphonie mobile, en importance.


Cette femme ingénieur est au service de la même entreprise, depuis bientôt 14 ans. Elle y a œuvré dans de nombreux départements. De ce fait, elle connaît bien les différents métiers exercés par le personnel (fonction commerciale, stratégie de distribution, process, organisation, qualité et audit, opérations commerciales, responsable des achats, …).

« Ce qui importe pour moi, c’est de faire grandir les gens, de les rendre autonomes et de les respecter. Et tout mon plaisir vient de là », confie l’ingénieure.

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« Il est impératif d’aimer son boulot ! »

C’est ma conviction profonde. Du matin jusqu’au soir, je parle avec des gens… Mon métier, ce sont les ressources humaines. Je suis en charge du « développement » des employés, chez Mobistar, soit 1.800 personnes (dont 35% de femmes).
En permanence, je suis à l’écoute des aspirations des collaborateurs, j’apprends à mieux les connaître, de manière à mettre en œuvre une stratégie qui réponde au mieux à leurs attentes. Il est très important que les employés se sentent bien, contents et fiers, pour qu’ils aient l’envie de faire encore plus pour notre entreprise. Car, si les collaborateurs sont contents de se rendre au travail, dès le matin, ce sera tout bénéfice pour la société. En gros, on pourrait dire que je suis responsable d’un bien-être, dans un environnement où il faut prendre en compte toutes les contraintes professionnelles. Anne Cambier a travaillé pour une société de consultance pendant sept ans, avant d’entrer chez Mobistar… Je voulais m’investir vraiment dans une entreprise, avec un sentiment d’identité, d’appartenance, en créant un réseau relationnel très fort, tout en contribuant au développement de la société dans laquelle on est membre actif. Je suis plutôt une créative. J’aime réaliser des projets. J’aime sentir que les choses s’ancrent en profondeur et former une équipe. Et quand cela tourne, que l’équipe est autonome, je suis prête à relever un autre défi.

… Une carrière, cela se construit. Ingénieur ou pas ingénieur. Et on évolue tous… Tout le monde n’a pas besoin de réinventer à chaque fois. Moi, oui !

« Ingénieur ou prof de gym ? »
Vous allez rire : j’ai hésité entre l’éducation physique – j’adore le sport, c’est ma petite drogue qui me permet de garder un bon équilibre ( !) -, l’histoire – j’adorais les cours d’histoire, en humanités - et le métier d’ingénieur.

J’aimais beaucoup les sciences – 12 heures par semaine, en humanités ( !) - et les maths, sans être passionnée par celles-ci ( !). Je me suis dit que le métier d’ingénieur allait m’ouvrir d’innombrables portes. Pourquoi les mathématiques appliquées ? Je suis très conceptuelle. Elles sont un moyen de relier une partie très conceptuelle à une réalité tangible. Tout s’agence de manière logique et s’applique, aussi bien, au fonctionnement du frigo ou au profilage d’ailes d’avions. Comment, dans un espace à multiples dimensions, tout à coup, on retombe sur le profil d’une aile d’avion ?

 

IB

 

Si j’ai eu la chance d’avoir le schéma de carrière qui est le mien, c’est parce que je suis ingénieur de formation. Le fait d’être ingénieur donne confiance. « Ingénieur » veut dire être capable de se débrouiller dans beaucoup de domaines différents, de conceptualiser, de mettre en application, de résoudre, d’analyser. Inconsciemment, je pense que ce titre véhicule énormément d’éléments qui sont recherchés par de nombreux employeurs.

Femme et ingénieure… ( ?)
Je suis comme je suis. Je suis tombée d’un côté de la barrière qui est « femme ». Je ne me préoccupe d’ailleurs nullement de ce type de considérations même si, lorsque je me suis présentée à mon premier entretien d’embauche, certains ont cru que j’étais incapable de travailler parce que j’étais enceinte, comme si j’étais porteuse d’une maladie.

Pourquoi y a-t-il moins de femmes ingénieures ? Je crois que c’est un système de valeurs que l’on véhicule. On pousse beaucoup plus les filles vers le littéraire, vers le latin ou le droit, que les garçons. C’est interpellant. Et je ne sens aucune évolution au cours de ces 30 dernières années. 
Quand j’ai décidé, alors, d’accomplir des études d’ingénieur, quelqu’un m’a dit que toutes les femmes qui optaient pour cette profession étaient laides (rires).
Je pense que l’on peut intervenir pour inverser cette tendance, à travers des messages, via le choix des études, au travers de forums, par la discussion ou en interpellant les parents d’enfants âgés de 15 à 18 ans. Tout ce qui entoure le conseil qui peut être donné aux jeunes, par rapport au choix des études. On ne sait pas forcément ce qu’on aime à 18 ans… C’est très important si l’on ne veut pas tomber dans le piège et se trouver dans un carcan.

 

Une femme « tiraillée »
Entre 30 et 40 ans, la femme opère des choix en fonction de son environnement familial et s’investit, peut-être, moins dans sa carrière. Ce qui ne signifie pas qu’elle ne peut pas y revenir et connaître une carrière décalée, quand les enfants ont acquis un peu plus d’autonomie. C’est une réflexion qui devient de plus en plus importante au sein des entreprises qui valorisent la diversité.

Pour ma part, j’ai été tiraillée et je le suis toujours, d’ailleurs. Ce soir, de nouveau, je ne serai pas très tôt à la maison. C’est comme ça. Régulièrement, je me demande si je ne passerais pas davantage de temps avec mes enfants. Mais, je me suis toujours bien organisée. Parfois, je fais des concessions. Parfois, je décide de ne pas participer à un meeting parce que j’ai envie d’être avec les enfants. Voilà. C’est comme ça.
Le secret de ma forme ? Je suis une énorme dormeuse. Et je fais des siestes durant le week-end, après le sport.  

 

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