Hamid Aït Abderrahim: il a atomisé les secrets du nucléaire

Thomas Zeebergh : Rouler grâce à l'énergie solaire

 

Le Prof. Dr. Hamid Aït Abderrahim est directeur général adjoint du SCK•CEN, le Centre d'Etude de l'Energie nucléaire belge, établi à Mol. En outre, il enseigne avec passion la physique des réacteurs et le génie nucléaire à l’Université Catholique de Louvain (UCL) à l’Ecole Polytechnique de Louvain (EPL).

Pour lui, le propre de l’ingénieur est d’aboutir à des solutions réalistes et fonctionnelles, au départ des moyens disponibles.

 

A 16 ans, Hamid Aït Abderrahim est littéralement tombé amoureux du nucléaire, lors de la dernière séance du cours de physique de sa cinquième année secondaire, en Algérie, où cette révélation surgit grâce au cours consacré à la radioactivité. En 1979, à l’âge de 18 ans, il arrive en Belgique poursuivant avec pugnacité l’objectif de devenir Ingénieur en énergie nucléaire.

Il obtint son titre d’Ingénieur Industriel en énergie nucléaire, en 1983. Ce fut pour lui l’occasion d’un premier contact avec le centre d’étude de l’énergie nucléaire (SCK•CEN), dans le cadre de son TFE. En 1984, au terme d’études complémentaires en France, il décrochera son DEA (Diplôme d’ Etudes Approfondies), en physique des réacteurs. A partir de 1984, il s’est inscrit pour un doctorat en physique des réacteurs, à Paris, avec son travail de recherche accompli à Mol. Depuis 1998, il est directeur du projet MYRRHA (*).

 

(*) Le projet d'infrastructure belge de recherche en fission nucléaire Myrrha, à Mol, a été reconnu parmi les 50 projets prioritaires du forum stratégique européen sur les infrastructures de recherche (ESFRI). La Commission européenne, à travers son programme "l'Union pour l'innovation", a pour objectif de voir lancer pour 2015  la construction de 60 pc de ces 50 projets prioritaires, principalement financés par les États membres, avec un soutien européen. La construction du réacteur de Mol coûtera près d'un milliard d'euros, dont 40 pc financés par l'Etat fédéral. Le solde sera financé par les partenaires internationaux et l'industrie. Avec sa reconnaissance comme infrastructure prioritaire, Myrrha bénéficiera, à l'avenir, d'un statut privilégié et d'un accès à un réseau de partenaires européens, dont certains apporteront des financements.


Mordu de radioactivité

Il est ou a été coordinateur de divers projets du programme cadre de la Commission Européenne relatif aux systèmes nucléaires avancés et participe, notamment, au programme EUROTRANS - construction d'un brûleur de déchets nucléaires par transmutation. En outre, il préside actuellement le groupe de travail ‘Strategic Research Agenda’ (SRA) de la plate-forme technologique européenne de l’énergie nucléaire durable (SNETP, www.snetp.eu), initiée en 2007.

Pour davantage d’informations : http://www.sckcen.be

Un projet unique au monde

« Aujourd’hui, je suis directeur général adjoint du SCK•CEN et directeur du projet MYRRHA. Mon travail quotidien consiste à gérer les ressources humaines et financières pour faire avancer le design, le licensing du projet MYRRHA et surtout à rassembler les moyens financiers et les engagements de partenaires internationaux au sein du consortium de MYRRHA, ce qui permettrait de construire cette infrastructure de recherche unique au monde.
Comme réalisation au cours des dernières années, que je considère comme aboutie, j’épinglerai la réalisation depuis l’idée de départ jusqu’à sa construction et démarrage de l’installation de recherche GUINEVERE. Un modèle à puissance réduite du projet MYRRHA dont nous avons commencé le design en 2007 et qui a été inauguré en mars 2010 ».

 

Vers des solutions réalistes

« L’ingénieur sait faire fonctionner plein de choses sans toujours pouvoir expliquer pourquoi, alors que le physicien sait tout expliquer mais semble incapable de dire pourquoi ça ne marche pas. Ceci est une boutade puisque je suis ingénieur et physicien, en même temps, et j’espère ne pas allier les deux aspects négatifs de la boutade mais bien les deux aspects positifs. Ma motivation pour le métier d’ingénieur est la capacité de synthèse que ce métier vous apprend pour arriver à des solutions réalistes et fonctionnelles, avec les moyens disponibles ».

 

Un astronaute « manqué » ( ?)

« J’avais huit ans, en 1969, se souvient Hamid, quand Neil Armstrong a posé le pied sur la lune. En ce temps-là, la télé était un super luxe et, davantage encore, en Algérie. Dans notre quartier, il y avait un voisin qui travaillait aux <Postes & Télécommunication> et qui possédait une TV - où il neigeait beaucoup - où nous devinions qu’un homme marchait sur la lune. Dès lors, mon rêve était de devenir astronaute ».

 

Pas de vie sans ingénieurs ?

« Je trouve que c’est prétentieux d’affirmer cela, sauf si l’on revient à la définition de base de l’ingénieur qui veut dire utiliser son cerveau pour agencer des composantes en utilisant éventuellement des outils pour simplifier la vie d’un grand nombre des membres de son groupe. Or, je n’ai pas l’impression que c’est cela qui occupe le plus clair de notre temps, ici ».

 

« Dépasser le conservatisme »

« Exercer la profession d’ingénieur me procure le sentiment de pouvoir apporter des solutions à des problèmes qui préoccupent notre société. Je pense que les aptitudes de base requises pour le métier d’ingénieur sont la curiosité pour pouvoir comprendre les problèmes à résoudre, la capacité de dépasser le conservatisme de l’environnement et des habitudes pour pouvoir proposer des solutions innovantes ».

 

Indispensable technologie

« Les études d’ingénieurs sont assez lourdes en termes de difficulté des matières et de la charge de travail. Hélas, aujourd’hui, on ne cultive plus le sens de l’effort dans notre société mais plutôt le sens de la facilité. De plus, tout ce qui a trait à la technologie, que nous utilisons pourtant tous les jours dans notre vie quotidienne, est décrié dans les médias et présentée de façon négative. Cela détourne les jeunes de ces études ».

 

Pas de crise dans le métier !

« Aujourd’hui, nos industries, nos centres de recherche, nos administrations manquent d’ingénieurs. La technologie dans notre société d’aujourd’hui est de plus en plus présente et elle le sera encore plus demain. Dès lors, nous aurons besoin de gens pouvons la maîtriser. Or, qui d’autre peut maîtriser la technologie d’aujourd’hui et inventer celle de demain ? L’Ingénieur ! Je dirai aux jeunes : rejoignez-nous dans cette aventure passionnante, elle vous le rendra bien car ce métier ne connaît pas la crise ».

 

« Dédramathiser » les études !

« Les élèves du secondaire ont peur des études d’ingénieur à cause de la quantité de mathématique à ingérer », observe Hamid. « Je pense que c’est une légende que nous devons <dédramathiser>. C’est ce que fait l’EPL - Ecole Polytechnique de Louvain -,  à l’UCL, grâce au workshop Dédra-Math-isons. J’invite les jeunes de dernière année secondaire de s’y inscrire ».

 

N’attendez plus !

 

Supporter d’Ingénieurs Belges !

Le site est assez sympathique et permet aux jeunes de savoir ce qu’est le métier d’ingénieur et surtout les évolutions de carrières que cette formation permet vers des fonctions de dirigeants, techniques, financiers voir même politiques.

Merci Hamid !

 

INg

SMIRNOF In-Pile Section before loading into the SCK•CEN BR2 reactor

 

Un pôle d’excellence de 700 collaborateurs (!)

Le Centre d'Etude de l'Energie Nucléaire, dénommé SCK•CEN, a été créé en 1952. C'est une Fondation d'Utilité Publique au statut de droit privé, sous la tutelle du ministre fédéral belge ayant l'énergie dans ses attributions.

Le Centre d'Etude de l'Energie Nucléaire est, sans nul doute, l'un des plus grands centres de recherche de Belgique. Ses laboratoires sont établis à Mol et son siège social à Bruxelles. Aujourd'hui, pas moins de 700 employés contribuent aux applications pacifiques industrielles et médicales avancées, liées aux radiations ionisantes.
Le SCK•CEN souhaite maintenir sa position de centre d'excellence en matière de science et de recherche nucléaire et pour ce qui est des applications.

Cet organisme a été créé dans le but de permettre aux milieux académique et industriel belges d'accéder au développement de l'énergie nucléaire dans le monde entier. Dès 1991, sa mission statutaire accorde une priorité à l'étude des aspects sociaux en matière de sûreté des installations nucléaires, de radioprotection, de traitement sûr et stockage des déchets radioactifs et de lutte contre la prolifération incontrôlée des matières fissiles.

Le Centre développe, rassemble et transmet aussi sa connaissance par la formation et la communication. Son savoir-faire et son infrastructure sont également mis à disposition de l'industrie nucléaire, du secteur médical et du gouvernement.

 

Pour davantage d’informations : http://www.sckcen.be