Profil de Jean-Hugues Jacquemart

Marylin

Jean-Hugues Jacquemart a été touché par le virus de l’expatriation dès son enfance, qu’il a passée en Afrique noire. À la fin de ses études d’ingénieur civil à l’UCL, La filiale de Besix, Six Construct l’engage. 12 ans de carrière et, à quelques mois près, autant d’années d’expatriation au Moyen-Orient plus tard, il nous fait part de son expérience.

Ce que le Moyen-Orient veut à Besix...

Six Construct est présent dans le Golfe persique depuis belle lurette. Cinquante ans, pour être précis! Au fil de ces années, un set de connaissances aussi précis que précieux se construit : la connaissance du marché, des partenaires locaux, des sous-traitants avec lesquels travailler. «Nous maintenons aussi une bonne relation avec quelques un de nos clients privilégiés» raconte Jean-Hugues Jacquemart. Le géant belge de la construction est apprécié de ses clients orientaux pour son expertise technique, son très grand département d'ingénierie, bref son know-how.
Traditionnellement, Besix est connu pour son expertise en infrastructure marine. Aujourd’hui, face à la concurrence toujours plus dense venue de sociétés entre autres asiatiques, Besix s’oriente également vers la construction de grands bâtiments et de tour, ainsi que le traitement de l’eau. Dans le Golfe persique, Besix (Six Construct) s’est associé à Samsung pour construire la plus grande tour du monde... du moment! Localement, il n’y pas d’image particulière attachée aux Belges, excepté les incontournables moules-frites-et-chocolat. « Les Anglais sont très présents, relève Jean-Hugues Jacquemart, du design au conseil et à la gestion de projets».


Ce que l’expatriation apporte à un ingénieur

«Les projets de construction sont gigantesques!» s’exclame Jean-Hugues Jacquemart. Celui-ci est, depuis deux ans, responsable technique d’un chantier de bâtiments commerciaux en Égypte: ce shopping mall comptera 380 magasins. Lorsqu’on met la main à la pâte dans des projets d’une telle envergure, très vite, on acquiert des responsabilités... de taille! Et puis, comme le rappelle avec enthousiasme Jean-Hugues Jacquemart, on affine au passage également sa capacité d’adaptation. L’expatriation apprend à s’ouvrir, toujours plus, aux différences culturelles. «En Égypte, raconte-t-il, on adresse son courrier avec 1001 précautions, afin de ménager toutes les susceptibilités. Et on commence par demander des nouvelles de la personne si on veut que le travail soit fait!»

13 ans au Moyen-Orient, 13 ans (un peu) différents

Jean-Hugues Jacquemart et son épouse sont partis pour le Sud-Est au tout début de la carrière de celui-ci, en 2001, après seulement sept mois au siège bruxellois de l’entreprise. Les années qui ont suivi les ont vu poser leurs valises au Bahrein, au Qatar et aux Émirats Arabes Unis - onze ans dans le Golfe persique au total - avant de plonger dans un univers bien différent: l’Égypte, quelque peu agitée ces deux dernières années... «Nous sommes partis pour l’Égypte avec courage, mais avec curiosité aussi». Les expatriés n’y sont pas légion, contrairement aux pays du Golfe. «Nous nous mettons à l’arabe alors que dans le Golfe persique, l’anglais était la langue de communication, dans les affaires comme dans la vie quotidienne!» relate Jean-Hugues Jacquemart.
Dans le Golfe persique, être expatrié, c’est aussi être dans la norme: ces pays sont peuplés de 10 à 15% de locaux, pour 85% d’étrangers accourus de pays limitrophes ou plus éloignés pour grignoter, eux aussi, à la galette pétrolière. En effet, les projets ambitieux, qui nécessitent une main d’oeuvre importante ne manquent pas. Les locaux sont très gâtés par l’état: le coût de la vie est extrêmement bas, l’eau et l’électricité (quasi) gratuites... Bref, ils ne sont pas trop pressés de retrousser leurs manches sous ce soleil de plomb et préfèrent un poste dans l’administration que sur un chantier de construction. Les Libanais, les Égyptiens et nombre d’Asiatiques viennent donc travailler dans le Golfe, et y gagner (beaucoup) d’argent.

Une occasion à saisir... aussi pour la vie de famille?

«On a besoin d’une bonne dose d’adaptabilité pour se faire à son nouvel environnement et permettre à toute la famille d’y trouver son compte», reconnaît Jean-Hugues Jacquemart. D’abord, c’est une fameuse équipée que de déménager d’un pays exotique à un autre pays exotique. C’est au mari, le plus souvent, qu’il revient d’aller explorer cette «terra incognita» et de repérer maison, école et compagnie - une mission qui peut s’avérer stressante. Une fois installée cependant, c’est à la famille toute entière de trouver son équilibre: le travailleur, lui, a une occupation toute trouvée, son métier qui emplit ses journées du matin au soir. Tout de même, Jean-Hugues Jacquemart est heureux des opportunités qui s’offrent ainsi à ses quatre enfants: «tous les quatre sont dans le système éducatif anglais, et nous en sommes enchantés: ils deviennent bilingues, c’est une chose. Aussi, c’est un système éducatif qui parvient à tirer vers le haut les élèves, tout en les soutenant dans les difficultés». Plus généralement, vivre à l’étranger, c’est aussi explorer des horizons variés, s’ouvrir et s’enrichir de différences culturelles... Le jeu en vaut la chandelle, Jean-Hugues Jacquemart et son épouse en sont convaincus!


Une occasion qui ne va pas sans choix...

L’épouse de Jean-Hugues Jacquemart, infirmière de formation, n’a jamais eu d’activité professionnelle en tant que telle: la concurrence du personnel soignant venu, entre autres, d’Asie est trop forte dans les pays du Golfe. Un choix, dicté donc par ce qui est le plus approprié dans ces circonstances particulières: «nous apprécions sa présence à la maison, dès que les enfants rentrent de l’école - à 13h30 en Égypte! Notons aussi qu’une fois à l’étranger, on ne peut plus compter sur la famille ou les amis pour un coup de main...». Et puis, fi des idées reçues, «le Moyen-Orient, ce n’est pas seulement le soleil toute l’année!», rappelle Jean-Hugues Jacquemart: la vie quotidienne est loin d’être un long fleuve tranquille, même si de belles rencontres sont au rendez-vous: «en s’aventurant dans le désert, dans le Golfe, nous avons vécu de très beaux moments avec des locaux, qui ont un très grand sens de l’accueil et de l’hospitalité. Les Égyptiens sont eux aussi très accueillants».

L’Égypte, au jour le jour

Le Caire est une ville très, très polluée. Une des raisons pour laquelle Jean-Hugues Jacquemart et sa famille ont préféré élire domicile dans les faubourgs de la métropole. Un autre critère de décision: éviter des navettes embouteillées et interminables, qui auraient fameusement alourdi les journées de travail de Jean-Hugues Jacquemart. Celles-ci durent entre dix et douze heures, et occupent souvent six jours sur sept. La famille habite dans un ensemble de maisons, un compound, protégé et équipé de différentes facilités. Ce n’est pas pour autant un ghetto d’expatriés: beaucoup de locaux y habitent également. Le pays a connu des heures tumultueuses: aujourd’hui encore, les services diplomatiques préfèrent regrouper leurs ressortissants dans certaines zones afin de pouvoir, le cas échéant, les évacuer plus facilement. Le couvre-feu est lui aussi de rigueur...

L’expatriation: un choix définitif?

Jusqu’ici, la famille y a trouvé ses marques et son compte. Jean-Hugues Jacquemart le rappelle, «d’une certaine façon, nous sommes toujours tenus par les projets qu’a la société pour nous. En même temps, nous voulons donner à nos enfants des repères, des racines, de la stabilité, un cercle social. Bien sûr, ils reviennent en Belgique deux mois par an... mais peut-être va-t-il être temps, un jour ou l’autre, de revenir plus longuement!»


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