L’Ecole Militaire, à Bruxelles : la royale école d’ingénieurs

Nys

Marc Piette voit-il en « cinémascope » ?

Mon père n’était pas ingénieur, mais en côtoyait plusieurs dans l’entreprise où il travaillait et il en parlait toujours avec respect et une certaine admiration, se souvient Marc Piette, Ingénieur et Professeur à l’Ecole Royale Militaire, depuis 2007. Il vantait souvent leur capacité d’analyse face à un problème complexe, la facilité à dégager des pistes de solution et leur souci d’efficacité, leur largeur de vue aussi. Il me disait souvent : par leur formation, les ingénieurs civils voient les choses en cinémascope


Le goût pour les études scientifiques

C’est par un camarade de classe dont le père était médecin à l’armée que j’appris qu’il était possible de faire des études d’ingénieur à l’Ecole Royale Militaire. Une visite à la « Journée Portes ouvertes » suffit à me décider à présenter le concours, se souvient Marc Piette.
En primaire j’avais montré de bonnes  dispositions en calcul et, lors de mes humanités, j’ai eu un professeur de physique remarquable qui a, sans doute, contribué à éveiller mon intérêt pour les sciences. Adolescent, la météorologie et l’astronomie m’intéressaient beaucoup.

Pour faire un « bon ingénieur » que faut-il ?

Une solide base de connaissances scientifiques et techniques, une aptitude à analyser une situation d’un point de vue global, à décomposer un problème complexe en sous-problèmes plus simples, à dégager assez rapidement l’essentiel de l’accessoire. La capacité à travailler de manière autonome, mais aussi à savoir dynamiser une équipe de collaborateurs tendue vers un même objectif. Une tendance au pragmatisme aussi.
L’ingénieur est quelqu’un qui sait ce qu’il peut négliger sans que cela affecte de manière significative les performances de la solution qu’il propose. S’il ne l’a pas au départ de ses études, celles-ci développent en lui le sens du compromis.

Pour détecter les mines
Ses recherches en électromagnétisme, notamment sur les antennes à bande ultra-large dans le cadre de sa thèse de doctorat (UCL, 1995) amènent Marc Piette à fonder, au sein de son département, le LEMA  - Laboratoire d’Electro Magnétisme Appliqué. Des recherches qui, prolongées par les travaux de son équipe, trouveront leurs premières applications dans le cadre du projet interuniversitaire HUDEM (Humanitarian Demining), pour la détection de mines enfouies (1996-2002). Par la suite, les activités du laboratoire évoluent vers la compatibilité électromagnétique pour répondre aux besoins en expertises et mesures de la Défense, avec l’acquisition d’une chambre anéchoïque – voir notre vidéo - et le développement d’une chambre de réverbération.

 

IB

 

Régularité dans le travail
Les études universitaires demandent à l’étudiant un investissement important, en temps et en énergie, qu’il ne faut pas sous-estimer. Bien sûr, certains ont plus de facilités que d’autres ou ont été mieux préparés au cours de leurs études secondaires, suivant la filière qu’ils ont suivie. Mais, de manière générale, la régularité dans le travail est le meilleur moyen de se donner un maximum de chances : mettre à jour et compléter régulièrement ses notes de cours, faire des résumés de chapitres, résoudre les exercices recommandés et surtout se ménager un temps d’étude le week-end.

 

Une certaine autodiscipline
Le rythme d’apprentissage est nettement plus élevé que dans le secondaire, par la quantité de matière à gérer, le niveau d’abstraction des concepts abordés et la diversité des branches. Il importe donc pour l’étudiant de trouver assez rapidement sa méthode de travail adaptée à ce rythme. Utiliser le temps libre pour l’étude ; une certaine autodiscipline, en somme.

 

IB

 

Les innombrables visages de l’Ingénieur
Quelle est ma définition de l’ingénieur ? Je parlerais plutôt des métiers de l’ingénieur car, au-delà du diplôme plus ou moins spécialisé, il y a une très grande diversité de parcours possibles et d’expériences vécues, suivant que vous travaillez dans une multinationale, une spin-off universitaire, une P.M.E dynamique, que vous êtes consultant ou expert indépendant, fonctionnaire dans un ministère, ingénieur de production ou enseignant-chercheur.

 

Quel est le dénominateur commun de tout cela ?

 

Pour faire un « bon ingénieur »…
Que faut-il, selon Marc Piette ? Une solide base de connaissances scientifiques et techniques, une aptitude à analyser une situation d’un point de vue global, à décomposer un problème complexe en sous-problèmes plus simples, à dégager assez rapidement l’essentiel de l’accessoire. La capacité à travailler de manière autonome, mais aussi à savoir dynamiser une équipe de collaborateurs tendue vers un même objectif. Une tendance au pragmatisme aussi. L’ingénieur est quelqu’un qui sait ce qu’il peut négliger sans que cela affecte de manière significative les performances de la solution qu’il propose. S’il ne l’a pas au départ de ses études, celles-ci développent en lui le sens du compromis.

C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles les ingénieurs belges sont si prisés à l’étranger, outre leurs facilités à passer d’une langue à l’autre.

Des ingénieurs à tous les niveaux
Lorsqu’il agit dans sa fonction purement technique, l’ingénieur est rarement la personne qui prend la décision stratégique finale mais, par la qualité de ses analyses et leur base chiffrée, il oriente très souvent le choix final des décideurs. Sa tâche n’est pas d’imposer ses vues, mais de convaincre par la pertinence et l’objectivité de ses analyses.
Cela dit, beaucoup d’ingénieurs occupent des postes de direction ou assurent des fonctions-clés au sein de leur entreprise, ce qui les amène à valoriser leurs acquis, que ce soit au niveau technique, au niveau de la planification ou dans l’organisation du travail.
D’autres se lancent dans la recherche ou l’enseignement, après avoir approfondi leur expertise dans un domaine particulier. C’est mon cas.

 

Sur terre ou dans l’espace…
Personnellement, je pense que les médias, la télévision en particulier, pourraient faire davantage pour faire connaître les métiers dans leur réalité quotidienne, sous la forme de reportages. Parfois il suffit d’une série-culte pour propulser un métier sur le devant de la scène. Pensons à la série « Urgences » pour la médecine. Une personnalité médiatisée, telle que l’astronaute Franck De Winne, polytechnicien issu de l’ERM, peut susciter des vocations.
L’imagerie populaire réduit trop souvent l’ingénieur à cet homme en casque jaune qui construit un pont et supervise son chantier. La réalité est beaucoup plus diverse et plus riche. Paradoxalement, c’est peut-être la richesse des métiers d’ingénieur qui rend sa perception par le grand public plus difficile et en tous cas plus diffuse.

 

ERMERM

 

« Des études gratuites » ( !)
Marc Piette souligne le fait que « les études à l’Ecole Royale Militaire sont gratuites et que les élèves-officiers sont, par ailleurs, rétribués, ce qui confère à l’institution la vocation sociale qui l’a toujours caractérisée.

Lien vers l'Ecole Royale Militaire


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